de Paul Bénichou User Moyenne des commentaires client : 4.7 étoiles sur 5 de 571 Commentaires client
Morales du grand siècle par Paul Bénichou ont été vendues pour EUR 8,80 chaque exemplaire. Le livre publié par Gallimard. Il contient 313 pages et classé dans le genre Custom Stores. Ce livre a une bonne réponse du lecteur, il a la cote 4.7 des lecteurs 571. Inscrivez-vous maintenant pour accéder à des milliers de livres disponibles pour téléchargement gratuit. L'inscription était gratuite.
Description du livre Morales du grand siècle : Le héros cornélien... - 10 internautes sur 11 ont trouvé ce commentaire utile.Le héros cornélien...
Par Caetano Veloso
« La société noble n'a jamais admis la censure des passions pour condition de la valeur humaine. C'est à peine si elle a pu concevoir ce que nous appelons la loi morale, cet impératif abstrait qui s'impose à nous du dehors. Le joug que la règle morale impose d'ordinaire aux désirs est la même que la société impose aux individus. Or c'est le caractère essentiel de la féodalité que le joug social se fasse faiblement sentir aux nobles. Le bien ne peut résider pour eux dans la privation, dans la contrainte pénible du devoir sur les appétits du moi. Toute vertu doit prendre appui au contraire sur leur personne. Leur seul devoir est d'être dignes d'eux-mêmes, de porter assez haut leurs visées, et de donner aux petits des exemples suffisamment édifiants de leur grandeur. Ils se doivent de dédaigner les ambitions réduites, de mépriser tout ce que le vulgaire peut atteindre comme eux. Ainsi l'orgueil double, juge, accrédite tous leurs appétits. Ce mécanisme moral, simple et puissant, oùsans cesse s'exalte le moi, est si loin d'impliquer une condamnation véritable de la nature, il la flatte tellement au contraire, qu'on le voit constamment dénoncé, dès le moyen âge, par les moralistes chrétiens. L'Eglise, puissance disciplinaire universelle, remplit sa fonction en censurant les mouvements de l'orgueil noble ; la société laà¯que n'en continue pas moins à vivre et à penser selon sa propre impulsion. »« Dans ce qui subsistait alors de la société féodale, les valeurs suprêmes étaient l'ambition, l'audace, le succès. Le poids de l'épée, la hardiesse des appétits et du verbe faisaient le mérite ; le mal résidait dans la faiblesse ou la timidité, dans le fait de désirer peu, d'oser petitement, de subir une blessure sans la rendre : on s'excluait par là du rang des maîtres pour rentrer dans le commun troupeau.L'amour emphatique des grandeurs et le penchant à se célébrer soi-même marquent à peu près indistinctement tous les caractères de Corneille : à tous la « gloire » imprime le même air de famille. »« Un mouvement constant porte l'homme noble du désir à l'orgueil, de l'orgueil qui contemple à l'orgueil qui se donne en spectacle, autrement dit la gloire. La gloire n'est que l'auréole du succès, l'éclaboussement qui accompagne la force, le cortège de respects que fait lever tout triomphe. Le succès se sent, se proclame surhumain ; il se chante et le chant impressionne la foule autant que le succès lui-même. L'assurance, l'affirmation de soi, le ton de la grandeur ne sont pas de simples ornements du pouvoir : ce sont, aux yeux du public, les marques d'un caractère fait pour l'exercer. »« Au théâtre comme dans la société le grand ressort est l'admiration, mais cette admiration n'est pas inconditionnelle. Finalement, le public, ici et là , est juge de la valeur des héros parce qu'il est le premier intéressé à ce que les grands soient dignes de leur rang, à ce qu'ils sachent entraîner, protéger, éblouir. Le théâtre héroà¯que, et la société dont il est l'expression, supposent une certaine royauté de l'opinion : l'idée même de gloire en est inséparable. Les concours de valeurs entre les grands devant le tribunal du public sont l'institution morale la plus conforme à l'esprit de cette société, la plus utile à son fonctionnement et à sa conservation : c'est là que chacun se forme à ce qu'il doit être, selon son rang.Ainsi ne nous étonnons pas de la place que tiennent rivalités et défis dans le système dramatique de Corneille. » Paul BENICHOU examine dans ce livre les rapports qui ont uni, au cours du " grand siècle ", les conditions sociales de la vie et ses conditions morales. Corneille, le jansénisme, Racine et Molière se trouvent au cœur de cette étude. L'auteur, tout en reconnaissant dans le XVIIème siècle le dernier champ de bataille entre la féodalité et le monde moderne, précise et développe cette vue en analysant toute la complexité des doctrines qui s'affrontent à cette époque.
Par Caetano Veloso
« La société noble n'a jamais admis la censure des passions pour condition de la valeur humaine. C'est à peine si elle a pu concevoir ce que nous appelons la loi morale, cet impératif abstrait qui s'impose à nous du dehors. Le joug que la règle morale impose d'ordinaire aux désirs est la même que la société impose aux individus. Or c'est le caractère essentiel de la féodalité que le joug social se fasse faiblement sentir aux nobles. Le bien ne peut résider pour eux dans la privation, dans la contrainte pénible du devoir sur les appétits du moi. Toute vertu doit prendre appui au contraire sur leur personne. Leur seul devoir est d'être dignes d'eux-mêmes, de porter assez haut leurs visées, et de donner aux petits des exemples suffisamment édifiants de leur grandeur. Ils se doivent de dédaigner les ambitions réduites, de mépriser tout ce que le vulgaire peut atteindre comme eux. Ainsi l'orgueil double, juge, accrédite tous leurs appétits. Ce mécanisme moral, simple et puissant, oùsans cesse s'exalte le moi, est si loin d'impliquer une condamnation véritable de la nature, il la flatte tellement au contraire, qu'on le voit constamment dénoncé, dès le moyen âge, par les moralistes chrétiens. L'Eglise, puissance disciplinaire universelle, remplit sa fonction en censurant les mouvements de l'orgueil noble ; la société laà¯que n'en continue pas moins à vivre et à penser selon sa propre impulsion. »« Dans ce qui subsistait alors de la société féodale, les valeurs suprêmes étaient l'ambition, l'audace, le succès. Le poids de l'épée, la hardiesse des appétits et du verbe faisaient le mérite ; le mal résidait dans la faiblesse ou la timidité, dans le fait de désirer peu, d'oser petitement, de subir une blessure sans la rendre : on s'excluait par là du rang des maîtres pour rentrer dans le commun troupeau.L'amour emphatique des grandeurs et le penchant à se célébrer soi-même marquent à peu près indistinctement tous les caractères de Corneille : à tous la « gloire » imprime le même air de famille. »« Un mouvement constant porte l'homme noble du désir à l'orgueil, de l'orgueil qui contemple à l'orgueil qui se donne en spectacle, autrement dit la gloire. La gloire n'est que l'auréole du succès, l'éclaboussement qui accompagne la force, le cortège de respects que fait lever tout triomphe. Le succès se sent, se proclame surhumain ; il se chante et le chant impressionne la foule autant que le succès lui-même. L'assurance, l'affirmation de soi, le ton de la grandeur ne sont pas de simples ornements du pouvoir : ce sont, aux yeux du public, les marques d'un caractère fait pour l'exercer. »« Au théâtre comme dans la société le grand ressort est l'admiration, mais cette admiration n'est pas inconditionnelle. Finalement, le public, ici et là , est juge de la valeur des héros parce qu'il est le premier intéressé à ce que les grands soient dignes de leur rang, à ce qu'ils sachent entraîner, protéger, éblouir. Le théâtre héroà¯que, et la société dont il est l'expression, supposent une certaine royauté de l'opinion : l'idée même de gloire en est inséparable. Les concours de valeurs entre les grands devant le tribunal du public sont l'institution morale la plus conforme à l'esprit de cette société, la plus utile à son fonctionnement et à sa conservation : c'est là que chacun se forme à ce qu'il doit être, selon son rang.Ainsi ne nous étonnons pas de la place que tiennent rivalités et défis dans le système dramatique de Corneille. » Paul BENICHOU examine dans ce livre les rapports qui ont uni, au cours du " grand siècle ", les conditions sociales de la vie et ses conditions morales. Corneille, le jansénisme, Racine et Molière se trouvent au cœur de cette étude. L'auteur, tout en reconnaissant dans le XVIIème siècle le dernier champ de bataille entre la féodalité et le monde moderne, précise et développe cette vue en analysant toute la complexité des doctrines qui s'affrontent à cette époque.
Détails sur le Morales du grand siècle - Si vous avez décidé de trouver ou lire ce livre, ci-dessous sont des informations sur le détail de Morales du grand siècle pour votre référence : Morales du grand siècle a été écrit par Paul Bénichou qui connu comme un auteur et ont écrit beaucoup de livres intéressants avec une grande narration. Morales du grand siècle a été l'un des livres de populer Cette année. Il contient 313 pages et disponible sur format E-Book, Hardcover. Ce livre a été très surpris en raison de sa note 4.7 et a obtenu environ 571 avis des utilisateurs. Donc, après avoir terminé la lecture de ce livre, je recommande aux lecteurs de ne pas sous-estimer ce grand livre. Vous devez prendre Morales du grand siècle que votre liste de lecture ou vous serez regretter parce que vous ne l'avez pas lu encore dans votre vie. Voici l'identifiant du livre que vous pouvez utiliser pour rechercher ce livre sur le marché ou un autre vendeur de livres, isbn: 2070324737, ean: 9782070324736 ou asin: 2070324737.
Le Titre Du Livre : Morales du grand siècle
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